Il y a tout juste 15 ans, le 12 janvier 2010, Haïti a connu l’un des jours les plus sombres de son histoire. Ce jour-là, un tremblement de terre dévastateur a frappé le pays, emportant des centaines de milliers de vies et laissant derrière lui des blessures immenses, visibles et invisibles. Quant à moi, c’est un miracle de Dieu qui m’a permis de survivre à cette tragédie. Je ne peux m’empêcher de m’interroger sur la raison pour laquelle Il m’a épargné, alors que j’étais à deux doigts de mourir.
Ce jour-là, j’ai été gravement blessé à la tête. Ma survie, je la dois à un inconnu qui m’a tiré des décombres. Je me souviens encore des détails comme si c’était hier. Il était environ 16 heures, et j’empruntais la route de Beny (Habitation Leclerc) à Martissant 23. Je venais de quitter chez ma grande sœur, à qui j’avais apporté une part de nourriture envoyée par notre mère. En arrivant à la rue Douyon, à Fontamara 27, près du studio photo JouJou, j’ai entendu un bruit étrange, semblable à celui d’une excavatrice. Pris d’un instinct de survie, je me suis réfugié sur le bord de la route, sous une maison à étage.
C’est alors que le pire s’est produit : la clôture de cette maison s’est effondrée sur moi. Je me suis retrouvé coincé, la tête sous les décombres et les pieds encore libres. Malgré la douleur et la peur, j’ai rassemblé toute ma force pour essayer de me dégager. Mais c’est l’intervention de cet inconnu, envoyé par la grâce divine, qui m’a sauvé. Grâce à lui, je suis en vie aujourd’hui.
Cet événement a profondément marqué ma vie. Depuis ce jour, j’ai pris une décision : être un homme utile pour ma communauté. Mon expérience m’a appris la valeur inestimable de la vie et l’importance de la solidarité. Si je suis toujours debout aujourd’hui, c’est grâce à cet inconnu, et je m’efforce d’honorer ce cadeau en me rendant disponible pour les autres.
15 ans après, je garde les cicatrices de cet instant, mais aussi la force de continuer à avancer. Je reste en reconnaissance envers Dieu et envers cet ange venu à mon secours. Mon histoire est celle de la résilience et de l’espoir, un témoignage que même dans les moments les plus sombres, il peut y avoir une lumière.
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a causé la mort de plus de 230.000 personnes et fait plus de 300.000 blessés. Ces chiffres rappellent l’ampleur du drame, mais aussi la chance que j’ai eue de survivre. Aujourd’hui encore, je rends hommage à tous ceux qui ont perdu la vie et à ceux qui, comme moi, portent les marques de cette tragédie. Ensemble, nous devons continuer à reconstruire, à aimer et à espérer.
Jean Daniel Pierre