En Haïti, pour l’année 2024, plus d’un million de personnes ont été contraintes de quitter leur domicile, un chiffre qui triple par rapport à l’année précédente, où seulement 315.000 personnes avaient été déplacées. Cette situation dramatique est le résultat de l’intensification des violences des gangs, qui exercent un contrôle de plus en plus large sur plusieurs régions du pays, exacerbant ainsi l’insécurité et le chaos. Ces informations ont été communiquées ce mardi 14 janvier par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui souligne l’ampleur sans précédent de cette crise.
Le porte-parole de l’OIM, Kennedy Okoth Omondi, a déclaré à Genève que «nous sommes confrontés au plus grand nombre de personnes déplacées par la violence des gangs armés dans toute l’histoire d’Haïti».
Cette crise a des répercussions considérables, non seulement sur les personnes déplacées, mais aussi sur celles qui restent dans les communautés haïtiennes déjà fragilisées. En plus des violences, la dégradation des services de base, tels que la santé et l’accès à la nourriture, ainsi que la pénurie alimentaire croissante, ont aggravé la situation, plongeant une grande partie de la population dans une misère sans précédent.
La capitale, Port-au-Prince, est le principal foyer de cette crise, où le nombre de déplacés a augmenté de 87 %. Le département de l’Artibonite a également été durement touché, avec un triplement du nombre de déplacés, soit 84.000 personnes. Cette situation a des conséquences dramatiques, notamment pour les enfants, qui représentent plus de la moitié des déplacés, mettant en lumière l’ampleur de la souffrance humaine.
Les communautés d’accueil, souvent déjà vulnérables, se retrouvent dans une situation intenable, avec des ressources limitées. Environ 83 % des déplacés dépendent de l’aide de leur famille et de leurs amis, tandis que le reste survit dans des camps improvisés. Ces sites de déplacés, qui ont doublé en un an, se trouvent principalement à Port-au-Prince et sont soutenus par l’OIM et d’autres organisations humanitaires.
Malheureusement, ces espaces sont caractérisés par une surpopulation extrême et un accès insuffisant aux services essentiels tels que l’eau potable, l’assainissement, la nourriture et les soins médicaux.
L’OIM considère que cette situation, marquée par un nombre record de déplacés internes, constitue un appel urgent à la communauté internationale pour intensifier ses efforts afin de stabiliser la situation sécuritaire en Haïti. L’organisation demande également un renforcement des ressources financières et humaines destinées à la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), qui déploie actuellement environ 750 policiers, principalement venus du Kenya, mais aussi des Bahamas, du Belize, du Guatemala et du Salvador.
Cette crise humanitaire a des implications profondes, non seulement pour la stabilité du pays, mais aussi pour la région, nécessitant une réponse rapide et coordonnée à l’échelle internationale afin d’éviter une aggravation encore plus grave de la situation.