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Crise en Colombie : 100 morts et 20.000 déplacés, l’état d’urgence face à la violence des guérillas

Le président colombien, Gustavo Petro, a décrété lundi 20 janvier l’état d’urgence après une explosion de violences entre différentes guérillas dans plusieurs régions du pays. En moins d’une semaine, ces affrontements ont fait plus de 100 morts et forcé 20.000 Colombiens à fuir leurs foyers.

«L’état d’urgence interne et économique a été déclaré», a annoncé Petro sur le réseau social X, ouvrant la voie à des mesures exceptionnelles permettant au gouvernement de restreindre les déplacements, de débloquer des fonds d’urgence et d’agir face à la situation chaotique.

Les zones les plus touchées par cette vague de violences incluent la frontière avec le Venezuela, le sud amazonien et le nord de la Colombie, des régions stratégiques pour les groupes armés qui s’affrontent pour le contrôle des territoires et des routes du narcotrafic. La Colombie, premier producteur mondial de cocaïne, voit ainsi sa guerre interne ravivée, un conflit qui a déjà fait plus de 9,5 millions de victimes au cours des six dernières décennies.

Le Catatumbo, symbole de cette violence persistante, est particulièrement touché. Avec plus de 50.000 hectares de culture de coca, ce territoire du département de Norte de Santander illustre les ravages de cette guerre de longue haleine, qui a contraint des dizaines de milliers de Colombiens à l’exil.

Dans le sud du pays, des affrontements meurtriers entre factions dissidentes des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont fait au moins 20 morts lundi dans le département de Guaviare, exacerbant encore le chaos. Par ailleurs, des violences entre l’Armée de libération nationale (ELN) et le Clan del Golfo, un cartel de narcotrafiquants, se poursuivent dans le nord, faisant également des victimes.

Pour faire face à la situation, 5.000 soldats ont été envoyés en renfort dans la région du Catatumbo. Toutefois, les autorités se sont d’abord concentrées sur l’évacuation des populations menacées. Plus de 230 personnes ont déjà été évacuées par hélicoptère, et un plan d’action plus large, visant à reconquérir les territoires par la force, a été annoncé.

Les conséquences humanitaires sont dramatiques. Plusieurs centaines de Colombiens ont fui vers le Venezuela, tandis que des milliers trouvent refuge dans des abris improvisés en Colombie, dans des villes comme Tibu, protégées par l’armée.

L’état d’urgence peut durer jusqu’à 90 jours et pourrait être prolongé si nécessaire, donnant ainsi au gouvernement des pouvoirs étendus pour gérer cette crise. Cette situation exerce une pression considérable sur la politique du président Petro, ancien guérillero devenu chef d’État, qui avait promis de résoudre le conflit armé par le dialogue. Cependant, après deux ans de négociations infructueuses avec les groupes armés, il a suspendu, vendredi dernier, les discussions avec l’ELN, accusant ce groupe de commettre des «crimes de guerre». Petro a même comparé l’ELN à Pablo Escobar, soulignant que ce groupe avait choisi de «suivre le chemin de la guerre».

Alors que la violence semble s’intensifier, cette crise soulève des questions cruciales pour l’avenir de la Colombie, un pays confronté à un gouvernement qui peine à rétablir l’ordre et à apaiser un conflit vieux de plusieurs décennies. La pression est immense, et la solution à cette spirale de violence semble de plus en plus incertaine. Au moment même où Petro doit se rendre en Haïti le 22 janvier pour renforcer les liens bilatéraux, la Colombie se retrouve confrontée à une urgence nationale beaucoup plus complexe et immédiate.

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