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Le port de Port-au-Prince reprend ses activités sous haute surveillance

Après une suspension forcée sous la pression du chef de gang de Wharf Jérémie, Micanor, le Caribbean Port Services (CPS), principal opérateur du port de Port-au-Prince, a repris ses activités. Cette interruption, survenue le jeudi 9 janvier 2025, avait suscité des inquiétudes quant à la sécurité des installations portuaires et à l’impact économique d’un arrêt prolongé. Toutefois, selon Jocelyn Villier, directeur général de l’Autorité portuaire nationale (APN), le port ne peut pas cesser de fonctionner sous la menace. «Nous avons repris parce qu’on ne peut pas baisser les bras. Nous sommes là pour servir la population. Le port ne peut être délogé», a-t-il déclaré mercredi 15 janvier sur Magik9.

Selon Villier, les opérations ont effectivement redémarré dès le samedi 11 janvier, permettant aux conteneurs de quitter le CPS comme à l’ordinaire. Ce retour à la normale intervient après une période marquée par des attaques répétées contre le port, notamment en octobre 2024, lorsqu’un navire avait été ciblé et deux membres de son équipage kidnappés. Par ailleurs, le port avait déjà subi un arrêt prolongé de plus d’un mois avant une reprise en novembre 2024. Ces incidents illustrent la vulnérabilité des infrastructures portuaires face à la montée de l’insécurité dans la capitale.

Pour assurer la protection du port, l’APN a mis en place plusieurs mesures de sécurité, notamment des installations renforcées et un déploiement accru des forces de l’ordre. «Des tours blindées en hauteur ont été érigées le long de la clôture pour sécuriser le port à partir du Boulevard de La Saline. Ces tours protègent l’installation des calibres 7,62 millimètres. La clôture est aussi renforcée jusqu’au Wharf de Jérémie», a précisé Villier. Ces initiatives visent à dissuader les attaques des gangs qui, embusqués dans des maisons surélevées, avaient l’habitude d’ouvrir le feu sur le port public.

Parallèlement, l’APN a également renforcé les effectifs chargés de la sécurité du port en collaboration avec les Forces armées d’Haïti (FAd’H) et ses propres agents. «L’effectif des militaires des FAd’H à l’intérieur du port a été doublé, sans compter les agents de sécurité de l’APN qui sont armés et qui font des patrouilles régulières dans des blindés», a ajouté Villier. Cette militarisation accrue vise à garantir la continuité des activités et à rassurer les opérateurs économiques dépendant des infrastructures portuaires.

Toutefois, malgré ces efforts, la situation sécuritaire demeure préoccupante, notamment en raison des liens présumés entre des groupes criminels et certains acteurs politiques. Cette collusion alimente un climat d’impunité qui complique la lutte contre les gangs et compromet la stabilité des secteurs stratégiques comme le transport maritime. Les interruptions répétées des opérations portuaires affectent directement l’économie du pays, en ralentissant l’approvisionnement en marchandises essentielles et en dissuadant les investisseurs.

Dans ce contexte, la reprise des activités au CPS apparaît comme un soulagement temporaire, mais elle ne saurait masquer les défis persistants auxquels le port de Port-au-Prince est confronté. Tant que la menace des gangs persiste, les opérateurs portuaires resteront vulnérables aux pressions criminelles, et l’État devra démontrer une volonté réelle de restaurer l’autorité sur ces infrastructures vitales.

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