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Liné Balthazar du PHTK : la coalition criminelle «Viv ansanm», un acteur clé dans les pourparlers pour remplacer le CPT

Lors de son intervention sur les ondes de Magik9 vendredi 10 janvier, Liné Balthazar, président du Parti haïtien Tèt Kale (PHTK), a fait une déclaration surprenante en révélant que la coalition terroriste «Viv ansanm» se montre favorable à une proposition visant à remplacer le Conseil présidentiel de transition (CPT) par un membre de la Cour de cassation. Cette proposition fait partie des options soumises à la CARICOM par plusieurs groupes, dont le Collectif 30 janvier, auquel appartient le PHTK, concernant l’avenir du CPT.

Balthazar n’a pas hésité à dénoncer une hypocrisie généralisée, soulignant que des organisations internationales intervenant en Haïti, lorsqu’elles se rendent dans des zones contrôlées par des gangs, interagissent avec ces groupes armés. Il a insisté sur la nécessité d’une approche pragmatique et réaliste pour résoudre ce problème, précisant que la solution ne viendrait que des Haïtiens eux-mêmes.

Selon le dirigeant du PHTK, une cohabitation existe déjà entre le CPT, qui administre certaines zones de Pétion-Ville et du haut de Delmas, et les gangs, dont l’influence ne cesse de croître. Bien qu’il ait affirmé ne pas être en contact direct avec ces groupes criminels, il a souligné qu’il est essentiel de prendre en compte leur présence dans les discussions sur l’avenir politique du pays.

Lors de cette interview, Balthazar a également révélé que, dans le cadre des négociations internationales, la communauté internationale ne demande pas explicitement d’éliminer les gangs, mais plutôt de gérer la situation avec discernement.

En réponse à une question sur la possibilité d’une amnistie pour les groupes criminels, il a répondu avec prudence, estimant qu’il fallait attendre le déroulement des élections pour évaluer l’évolution de la situation. De plus, Balthazar a précisé que le Collectif des partis du 30 janvier, dont il fait partie, ainsi que d’autres forces politiques et de la société civile, soutiennent l’idée de remplacer le CPT par un membre de la Cour de cassation. Parmi les soutiens à cette proposition figurent des groupes tels que Force Louverturienne, le Collectif 4 décembre, ainsi que la coalition criminelle dénommée «Viv ansanm», dirigée par l’ex-policier Jimmy «Barbecue» Cherizier, qui terrorise la population depuis plusieurs années.

Fin février 2024, «Viv ansanm» a intensifié ses attaques contre des infrastructures stratégiques, dont l’aéroport international Toussaint Louverture, le palais national, l’hôpital général, entre autres, exacerbant la crise politique et conduisant à l’isolement de l’ancien Premier ministre Ariel Henry. Un Conseil présidentiel de transition (CPT) a alors été mis en place sous l’influence de la CARICOM, soutenue par les États-Unis. Cependant, malgré les tentatives de gouvernance du CPT, la situation sécuritaire s’est détériorée, les gangs continuant d’étendre leur emprise sur le pays.

En juillet 2024, un scandale de corruption a éclaté au sein du CPT. Raoul Pascal Pierre-Louis, ancien président du Conseil d’admission de la Banque nationale de Crédit (BNC), a accusé certains membres du CPT d’avoir exigé un pot-de-vin de 100 millions de gourdes pour son maintien en poste. Ce scandale a fragilisé l’image du CPT, et des voix se sont élevées pour demander la mise à l’écart des conseillers impliqués.

En novembre 2024, l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) a recommandé des poursuites judiciaires contre les conseillers-presidents Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emanuel Vertilaire, tous impliqués dans l’affaire BNC, mais aucune décision concrète n’a été prise. Bien au contraire, les autres conseillers ont continué à signer des décisions majeures avec les inculpés, y compris celle qui a conduit à l’éviction de l’ancien Premier ministre Garry Conille, remplacé par Alix Didier Fils-Aimé en novembre 2024.

Si certaines parties prenantes ont choisi de soumettre des propositions à la CARICOM pour remplacer le CPT, d’autres, comme Pitit Dessalines, veulent poursuivre le processus avec leur représentant au sein du CPT, malgré l’ombre du scandale de corruption.

Face à la révélation de Liné Balthazar, une préoccupation majeure se profile : l’implication croissante du groupe criminel «Viv ansanm» dans les décisions politiques du pays. Ces criminels, responsables de la terreur qui frappe la population, pourraient désormais peser de manière décisive sur le choix des dirigeants du pays. La question se pose alors : dans quel contexte les Haïtiens eux-mêmes accepteront-ils que des acteurs criminels jouent un rôle central dans l’avenir politique d’Haïti ? Un tel scénario risquerait de déstabiliser davantage une situation déjà fragile et de nuire à l’avenir du pays.

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