Le séjour de Paul Pogba en République dominicaine soulève un malaise profond chez de nombreux Haïtiens conscients. Tandis que la star profite des plages du pays voisin, Haïti, première République noire, continue de sombrer dans la misère et le chaos. En effet, la République dominicaine, en pleine croissance économique grâce au tourisme, attire les regards, tandis qu’Haïti peine à offrir des conditions de vie décentes à ses citoyens.
Machiavel a dit un jour : «Le prince qui veut se maintenir au pouvoir doit savoir éviter de se laisser dépasser par les événements». Cette maxime semble résonner dans le contexte haïtien, où les autorités locales multiplient les discours, mais ne parviennent pas à prendre des mesures concrètes face à la dégradation du pays. Au contraire, elles sont plus préoccupées par leur survie politique que par le bien-être du peuple haïtien.
La République dominicaine, avec sa politique touristique agressive, a su exploiter les atouts de son territoire pour générer des revenus considérables. En décembre 2024, le pays a enregistré un afflux record de touristes, attirés par ses plages, ses stations balnéaires et son climat favorable. Récemment, Paul Pogba a posté sur son compte Instagram une photo prise sur une plage de la partie Est de l’île d’Haïti. Pendant que la nation voisine prospère sur le plan économique, Haïti voit ses ressources naturelles et humaines exploitées sans bénéfice tangible pour sa population.
La situation en Haïti est marquée par l’escalade des gangs armés, qui imposent un climat de terreur dans les rues. De nombreux quartiers sont devenus des zones de non-droit où les citoyens vivent dans une peur constante, tandis que d’autres sont désertés. Les autorités, plutôt que de répondre à ce fléau, se contentent de discours vides qui n’ont aucune incidence sur la réalité de ceux qui souffrent chaque jour des violences et de l’insécurité.
Pendant ce temps, la classe politique haïtienne est plus préoccupée par des manœuvres internes que par la gestion de la crise. «L’ambition des hommes politiques se fait souvent au détriment de l’intérêt du peuple», disait Machiavel. Dans ce contexte, le pays est livré à lui-même, avec une élite politique déconnectée des réalités du terrain. À Port-au-Prince, il y a tout simplement un jeu d’intérêts, et non une lutte pour sauver le pays du joug des terroristes.
Il est difficile de ne pas voir le contraste flagrant entre la République dominicaine, qui a su utiliser son secteur touristique comme levier de développement, et Haïti, dont les potentialités sont inexploitées à cause d’une gestion politique défaillante qui a favorisé l’essor des groupes terroristes. Ces derniers se sont réunis en une coalition (Viv ansanm), qui ose désormais se réclamer un parti politique. Les terres riches d’Haïti, potentiellement sources de richesse, sont laissées en friche, pendant que les politiciens se battent pour leurs petits intérêts personnels.
Le séjour de Paul Pogba en République dominicaine, loin d’être un simple fait divers, souligne la grande disparité entre deux nations partageant une même île. Les autorités haïtiennes continuent de jongler avec des promesses non tenues, tandis que leurs voisins avancent, renforçant leur économie et attirant le monde entier. Il est grand temps pour Haïti de se réveiller et de prendre conscience de ses propres faiblesses, avant qu’il ne soit trop tard. Mais pour cela, il va falloir bannir l’esprit pécuniaire, comme disait l’autre : «Lorsque l’esprit pécuniaire sera banni, il y aura une mutinerie consciente pour le grand changement».